Jupiter: Le destin de l’univers (Film, 2015)

255192Étant un grand fan de science-fiction et plus particulièrement de space opéra, je ne pouvais qu’attendre avec impatience la sortie du nouveau film des Wachowski. Et de fait, la bande annonce de Jupiter: le destin de l’univers s’avérait très prometteuse. Mais hélas, les choses ne sont pas toujours ce qu’elles paraissent. Peut être avais-je mis trop d’espérance dans celui-ci? Malgré un univers qui semblait inspiré et complexe, les deux réalisateurs n’ont pas réussi à en tirer tout le potentiel, se contentant d’en effleurer la surface.

Synopsis

Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n’a d’autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n’est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l’attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d’un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l’équilibre du cosmos…

Pour commencer, le majeur point noir du film est le manque d’explications et d’introduction à l’univers, dans de trop nombreuses situations. Pour la plupart des films dont le scénario amène le héros à l’intérieur d’un monde totalement inconnu, il y a soit une tierce personne lui expliquant le fonctionnement de ce monde, et par la même expliquant au spectateur de quoi il est réellement question (comme le fait le personnage de Rubeus Hagrid dans le premier film Harry Potter) soit une séquence en début de film avec une voix off (exemple de John Carter) ou carrément un texte descriptif et explicatif (comme l’a rendu populaire la saga Star Wars). Parmi tous ces exemples, jamais on ne s’est retrouvé dans des situations où les protagonistes, voire le personnage principal, parlent de choses qu’on ne connaît pas, au sein desquelles rien n’est explicite et où la fin du film plonge le spectateur dans une sorte d’incompréhension globale dont ressort un trop plein de questions sur la cohérence de l’univers et tout ce qui le compose. Et pourtant, la cohérence et la clarté sont des qualités primordiales pour un film de science-fiction (de fait, le terme lui-même contient le mot science, ce n’est pas anodin).

Jupiter brise les codes, mais pas à bon escient: on en ressort frustré, à croire que le film aurait été fait seulement pour le plaisir de ceux qui l’ont réalisé. Le scénario fait cependant preuve d’un peu d’originalité en abordant l’histoire d’un héritier caché ainsi que la question de la réincarnation. Cet univers permet par là même de réaliser une satire du modèle économique ultra-capitaliste, transformant les êtres humains en simple denrées destinées à engranger des profits à l’intention de quelques rares personnes choisies à la naissance, en fonction de leur lignée.

Malgré ses bonnes volontés, le film n’offre que peu de place à ses personnages en tant que tels: cela se ressent dans les dialogues, ils sont creux au possible voire même complètement à côté de la plaque. Peut-être serait-ce dû à une mauvaise qualité de traduction (j’ai vu le film dans sa version française), mais j’en doute, au vu des trop nombreux faux-pas dont le script fait preuve. Les personnages manquant de prestance et de profondeur, leurs interactions tournent vite aux simples échanges de banalités, trop souvent hors-contexte.

Le jeu des acteurs n’a rien de spécial, et à vrai dire, je n’ai pas grand chose à dire là dessus. Je ne le qualifierais pas de mauvais mais plutôt comme à la limite de ce que l’on doit attendre d’un acteur professionnel. Une chose me chiffonne cependant: le frère cadet de la famille, interprété par Douglas Booth, me paraît légèrement sur-jouer son personnage bien que cela coïncide avec la superficialité de son caractère. L’héroïne, incarnée par Mila Kunis, manque terriblement de charisme, au point qu’on ait du mal à la prendre au sérieux, et cela même lors de son combat final face au personnage de Balem, joué par Eddie Redmayne. Ce dernier a lui-même été capable de me décevoir; après sa magnifique interprétation de Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps, on pouvait s’attendre à une meilleure interprétation de sa part en tant que bad guy de l’histoire, mais il manque cruellement de présence.

Bon, côté effets spéciaux rien à redire: les scène d’actions sont nerveuses et bien orchestrées comme le prouve la course poursuite aérienne autour des gratte-ciels de Chicago, vraiment bluffante et vertigineuse.

Le dernier bémol concerne la musique; je la trouve vide, banale. Le propre d’un space opera est d’avoir une bande originale qui fait autant rêver que le film lui-même, allant jusqu’à être identifiable dès les premières notes (Star Wars, Alien, Le Cinquième Élément). Ce qui est plus d’autant bizarre lorsqu’on sait que c’est Michael Giacchino qui était aux commandes; il nous avait habitué a mieux (Star Trek, Mission Impossible III & IV …).

Pour conclure, je dirais que je suis clairement déçu par ce space opera. Il est vrai que tout n’est pas à jeter mais il en ressort trop peu de choses en valant réellement la peine. Je ne me fais pas de soucis pour autant quant à la suite de la carrière de Lana & Andy Wachowski. S’ils se collent à nouveau à la catégorie science-fiction, j’attendrai avec impatience leur nouveau long-métrage, avec l’agréable souvenir d’un incroyable Cloud Atlas, témoin de leur talent avéré pour ce genre.

 Note globale: 2/5.

 PM

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