Sense8

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J’avoue ne pas avoir forcément été immédiatement emballée lorsque Netflix a commencé à faire jaser. Mais bon, après Orange Is The New Black et Daredevil, que j’ai franchement trouvé très bons, on ne peut que reconnaître la qualité et le travail menés sur leurs séries originales.

Sense8 m’a d’emblée interpellée, ne serait-ce que par sa promotion qui mettait en avant une nouvelle série à venir initiée par les Wachowski, « les créateurs de Matrix », et Straczynski (Monsieur Babylon 5). Alors oui bien sûr cela peut être racoleur mais aussi à double tranchant si l’on attend un Matrix-bis ! Bien que la veine du divertissement avec bastons à gogo, auto-références jouissives et complot interplanétaire multigénérationnel (rien que ça !) soit présente, permettant ainsi à l’action d’avancer et de saisir les enjeux qui se trament autour des personnages, Sense8 est loin de s’arrêter là.

Dès les premières secondes le show met une claque non seulement avec sa photo superbe et maîtrisée mais aussi par les interrogations que l’ouverture fait naître. Et là, tout de suite, déroutant, le rythme se casse et devient beaucoup plus lent, introspectif, s’intéressant aux vies des multiples personnages qui vont être conviés. S’installe alors d’emblée un jeu entre les codes attendus de la fiction et de « l’action » et une forme épurée de narration qui se veut franchement contemplative (non sans rappeler les monologues métaphysico-mystiques d’un Rust Cohle dans True Detective, HBO)  et impose au spectateur une lenteur toute surprenante.

Le récit se retrouve porté par ses protagonistes, les Sensitifs, et le lien qui les unit, proposant des scènes magnifiques (je ne citerais ici que celle où tous se mettent à chanter en chœur) sublimées par l’attention portée au traitement des ambiances tant sonores que lumineuses. Ces quelques passages sont comme autant d’invitations à apprécier la chaleur d’un thé bien chaud entre ses mains ou l’odeur de la terre après une averse. Quant aux corps, ils y sont beaux, esthétiques, touchants ; à la fois extrêmement naturels et artistiques. Bien sûr, il est possible de trouver que ces mêmes personnages sont trop archétypaux, parfois clichés sur certains points, ou que Nomi Marks est bien évidemment en lien avec le parcours personnel de Lana Wachowski. Toutefois, il n’en demeure pas moins que la série permet une plongée dans diverses cultures et parties du globe, et de donner une représentation à de multiples formes d’amour et de sexualité ; ce que je trouve pour le coup extrêmement positif ! C’est une véritable fresque humaniste qui naît sous nos yeux et dont on apprécie, paradoxalement, la simplicité.

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La question fondamentale que soulève Sense8 est celle de l’identité. Interrogation légitime et quelque part éculée ici traitée à la manière d’un recueil de poésie. C’était d’ailleurs déjà le cas avec Cloud Atlas (sorti en 2012) qui suivait les destins croisés de six personnages qui se retrouvaient à des époques différentes. D’ailleurs tous les personnages du film étaient joués par les mêmes acteurs, endossant tour à tour différents rôles et identités au sein du même film. On retrouve ainsi Bae Doona, cette fois-ci dans le rôle de Sun, après avoir été l’emblématique Sonmi~451.

Une inquiétude demeure toutefois pour moi, l’idée de voir cette série s’étendre sur de multiples saisons et s’étioler jusqu’à perdre tout intérêt. Alors qu’une seconde saison est confirmée et après la fin quelque peu décevante et trop attendue du final de la première je m’interroge donc et attends de voir ce que cette nouvelle saison va donner, espérant ne pas rester sur ma faim.

Je ne dirai pas que c’est la série de l’année ou qu’elle est bluffante mais assurément qu’elle est intime et intimiste … peut-être faut-il simplement prendre cette série comme une invitation à l’introspection et à l’ouverture d’esprit sur le monde qui nous entoure et sur celui qui nous habite déjà.

Polithe

 

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