Entrevue avec Auraa ou NOTHOYA, l’art du déséquilibre

NTYA_CW_ITW3Cela fait bien longtemps que nous n’avons pas pris le temps d’aller à la rencontre d’un artiste et nous le regrettons. Bien sûr, il y a tant à faire, mais nous voulions, en cette fin d’année si mouvementée, retourner au contact de cette vague de créateurs de merveilles et de ces inventeurs de génie. Pour l’espoir, pour percevoir, percevoir autre chose, entrevoir, des jours meilleurs, sortir, de ce noir, dans laquelle la haine et la folie nous ont tant plongés. Car face à la destruction, seule la création est envisageable. We need art, so hard.

So here we are again, et pour longtemps. Mais aujourd’hui, place à celle que l’on surnomme « Auraa », fondatrice de cette pulsation musicale étonnante qu’est NOTHOYA. Un soir d’octobre, j’eus l’occasion d’entendre sa voix marquante et talentueuse, sublimée par l’intervention de musiciens aussi doués qu’innovateurs. En observant cette fascinante manière de marier le Jazz, la Soul et les musiques de la nouvelle vague électronique, j’ai tout de suite voulu en savoir plus sur les acteurs à l’origine d’une telle fusion. C’est ainsi que, par le biais de mon ami Samir Belaidi (co-directeur & fondateur d’Orikami Records), j’ai pu contacter la dite-nommée pour un entretien haut en couleur. Entrevue exclusive…

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Bonjour Auraa! Dans un premier temps, pourrais-tu te présenter?

« Je suis Auraa, chanteuse leadeuse du groupe NOTHOYA , j’ai étudiée la musique 3 ans au CIM (1ère école de Jazz et Musiques Actuelles depuis 1976, ndlr.) et j’ai joué dans différents projets. »

Tu sembles présenter des qualités tout à fait admirables en ce qui concerne la musique Jazz, ta formation t’a-t-elle aidée dans ce sens?

« C’est vrai que cette école est très accès Jazz et musique actuelles, ça a donc consolidé tout ce que j’avais emmagasiné jusqu’alors. Plus jeune j’ai fais du solfège mais très brièvement. En définitive, j’ai surtout écouté énormément de musique, non seulement du jazz mais aussi beaucoup de Soul, de Hip-Hop, de musique latines et africaines… »

Ce sont donc finalement ces trois années qui t’ont permis d’obtenir les bases nécessaire à l’exploitation de ton talent?

« Cela m’a permit d’acquérir de l’autonomie dans la composition, d’être capable de coucher sur papier les choses qui étaient dans ma tête. Avoir un enseignement théorique est très bien mais ça ne fait pas tout, au fond la musique c’est d’abord une question de ressenti. »

Qu’en est-il de ton apprentissage du piano? Quand a-t-il débuté exactement et comment s’est-il poursuivi?

« J’ai toujours pianoté un peu en autodidacte. Puis j’ai pris quelques leçons vers 10 ans, cependant, rien de sérieux; quant à ces ces trois années au CIM, elles m’ont fait notamment travaillé l’harmonie. Le piano me sert surtout à composer, le vrai pianiste du groupe c’est Thomas, il y a des arrangements à plusieurs claviers dans certains de nos morceaux mais c’est lui le boss dans ce domaine. »

Pourrais-tu nous détailler la manière dont NOTHOYA est né? Quelle était ton envie à la base de ce projet?

« Il y a un an et demi, j’ai rencontré Thomas Régny, Fayçal Mabrouk et Christophe Rudtmann. À l’époque, ils cherchaient une chanteuse pour un groupe de reprise Jazz/Soul/Funk… On a joué quelques temps comme ça, moi j’avais envie de monter un groupe pour jouer mes morceaux, mes idées, et comme on s’est super bien entendu musicalement et humainement, naturellement je leur ai proposé de le faire ensemble. Par la suite, Fabien Maurin &  Roman Didier nous ont rejoints et nous sommes devenus NOTHOYA par l’avènement du premier morceau : ‘Purple Queen’. »

 

 

Quelles significations portent l’appellation « NOTHOYA » à tes yeux?

« Dans les rites chamaniques amérindiens, le thuya (genre de conifères originaire des régions tempérées de l’hémisphère nord, ndlr.) symbolise l’équilibre, le calme, la sérénité. Je me suis inspiré de cette idée, en y apposant la particule « no » en préfixe, nous dirigeant par là-même vers la notion de déséquilibre, de folie… NOTHOYA en est le résultat. »

Nothoya est donc pour toi un équilibre entre le calme et la folie?

« C’est plutôt l’art du déséquilibre et l’exploitation de la folie, pour faire de la belle musique. Je pense que ça transparait dans notre travail car les compositions sont très libres, les structures et arrangements naissent comme on les sent. Pour moi, l’art ne peut s’encombrer de format ou de contraintes, sinon celle d’être parfaitement fidèle a ce que l’on a dans la tête. »

 

Tu penses donc profondément ta musique avant de la composer?

« Je ne pense pas vraiment la musique, c’est les choses que je ressens au quotidien qui génèrent naturellement la musique que je produis. Ça vient comme ça, l’art de la chose résidant dans le fait qu’il faille arranger ce que le ressenti amène de lui-même, afin de le rendre concret, palpable, mais surtout audible. »

D’où te viens cet amour de l’ethnique, que l’on ressent au travers de ton style enlevé et de tes influences picturales et musicales?

« J’ai des origines espagnoles, algériennes & italiennes, j’ai donc toujours entendu des histoires d’ici et d’ailleurs au sein de mon cercle familial. Mon amour des musiques du monde m’a également donné cet amour global des cultures. Enfin, j’aime exprimer ma personnalité et mes humeurs dans ma façon de m’habiller, c’est quelque chose d’important pour moi. J’essaye d’être ce que je pense. »

Comment vois-tu l’avenir de NOTHOYA?

« Dans un avenir de rêve je te dirais: avoir la chance de pouvoir jouer notre musique devant de plus en plus de monde mais aussi faire du bien aux gens. »

Tu as d’autres projets en tête ou sur le feu, en dehors de celui-ci?

« J’ai collaboré avec mon ami MC. Bhati (Paris) dans le cadre de son album qui paraîtra prochainement mais aussi sur le prochain album du beatmaker melodiesinfonie (Zurich) dont la sortie est prévue pour début 2016. » Cool stuff is comin’ though!

Propos recueillis par Ben’ Sieuw.

NOTHOYA is:

Christophe Rudtmann – Drums
Fayçal Mabrouk – Bass/effects
Auraa (Laura Aguilar) – Vocals/Keys
Thomas Régny – Keys/synth
Fabien Maurin – Guitar/effects
Roman Didier – Bugle/Trumpet

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